L’empire romain chrétien (IVe-Ve siècles) et l’empire carolingien (IXe siècle) offrent aux siècles suivants le modèle d’une chrétienté unifiée sous un même souverain. Le morcellement de l’empire de Charlemagne en différents royaumes de plus en plus indépendants, ainsi que la séparation progressive entre les Églises romaine et orientale, définitive après l’excommunication respective du pape et du patriarche de Byzance en 1054, font cependant s’éloigner la perspective d’un nouvel empire chrétien. Les ambitions de l’Église et des souverains ne sont pas découragées pour autant : en 962 le roi de Germanie Otton Ier est couronné empereur des Romains par le pape.

 

En restaurant le titre impérial avec l’appui de l’Église, Otton prétend à l’exercice d’un pouvoir universel sur tous les chrétiens. Dans les faits, il contrôle d’une façon plus ou moins lâche une mosaïque de principautés, qui s’étendent en Allemagne, en France et en Italie actuelles, et dont l’Alsace fait partie. Élus par les princes et couronnés par le pape, les successeurs d’Otton jouissent d’un prestige indéniable et sont à la tête d’un territoire dont l’immensité et la diversité rendent le gouvernement difficile.

 

Soutien de l’empereur qui approuve l’élection du pape et des évêques, l’Église veut s’émanciper de sa tutelle à partir de la fin du XIe siècle : le pape Grégoire VII (1073-1085) et ses successeurs affirment ainsi la prééminence du pouvoir pontifical sur le pouvoir impérial et revendiquent la souveraineté sur une partie de l’Italie. L’affrontement, spirituel et politique, entre l’empereur et le pape scande les siècles suivants et dégénère en conflit armé au XIIIe siècle.