À partir du XIe siècle l’Europe connaît une augmentation démographique et une forte croissance économique, essentiellement tirée par le dynamisme des campagnes : les paysans défrichent, cultivent de nouvelles terres et améliorent leur rendement grâce à la généralisation d’innovations antiques telles que la charrue ou le moulin à eau. Ils échangent l’excédent de leur production dans les marchés locaux qui se multiplient.

 

Loin du cliché d’un monde immobile, la population se déplace beaucoup au cours des XIIe et XIIIe siècles : pour se rendre au marché voisin, effectuer un pèlerinage auprès des reliques conservées dans l’abbaye locale…ou en Terre sainte ; des marchands de profession sillonnent les routes européennes. Les fondations d’auberges et d’hospices se multiplient pour accueillir ces voyageurs au long cours.

 

L’encadrement de la société par la seigneurie contribue à cet essor économique : prélevant une part de la production des paysans sous sa dépendance et taxant les voyageurs qui empruntent les ponts et les routes qu’il entretient, le seigneur, qu’il soit laïc ou ecclésiastique, réinvestit ses bénéfices dans des achats de luxe ou des chantiers prestigieux, tels que châteaux ou cathédrales, et participe ainsi à la monétarisation de l’économie. Abbés et abbesses en particulier se révèlent des gestionnaires avisés et ont laissé de nombreux documents rédigés pour administrer leurs terres.