... qui échappent peu à peu à l'empereur et aux grandes familles

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À cause des distances mais aussi de la façon dont se conçoit la politique au Moyen Âge, l’empereur doit s’appuyer sur les élites, religieuses et aristocratiques, pour gouverner. Les obligations respectives de l’un et des autres sont peu à peu formalisées au XIe siècle par les liens dits féodo-vassaliques : en échange de leur service, notamment militaire, les nobles reçoivent de l’empereur des terres et biens appelés fiefs.

 

En raison de son importance défensive et symbolique, le château devient progressivement l’élément central du fief : les conflits que connaît l’Alsace lors des périodes d’affaiblissement du pouvoir impérial (1197-1214 puis 1225-1250) sont rythmés par les prises de châteaux et leurs concessions en fief, qui témoignent des équilibres de pouvoir entre les forces en présence. Les châteaux se font ainsi le reflet des relations complexes organisant la société médiévale : il n’est pas rare, dès cette époque, qu’un château soit concédé à plusieurs vassaux qui ont chacun la garde d’une tour ou d’un élément de fortification ; un vassal peut par ailleurs avoir prêté hommage à deux suzerains en conflit l’un avec l’autre.

 

Profitant du caractère devenu héréditaire des fiefs, ainsi que de l’éloignement du pouvoir impérial, affaibli à partir du deuxième quart du XIIIe siècle par la lutte contre le pape et l’évêque de Strasbourg, les familles de petite noblesse, chargées de garder des châteaux dont elles ont pris le nom, s’émancipent progressivement de leurs obligations vassaliques et multiplient à leur tour les constructions castrales.