L'occupation de la Ruhr, un peu d'histoire

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Au lendemain de la Grande Guerre, la France et la Belgique décident brusquement d’occuper la Ruhr, coeur industriel du Reich, afin de saisir le charbon et les matériaux que l’Allemagne vaincue hésite à leur livrer au titre des réparations de guerre.

« Nous venons chercher le Charbon de la Rhur [sic] à Recklinghausen », photographie de soldats de la 4e Section des chemins de fer de campagne. Collection Rüdiger Sander, Recklinghausen Reprographie : Stadt und Vestisches Archiv Recklinghausen. © Collection Rüdiger Sander /Stadt und Vestisches Archiv Recklinghausen. - Archives départementales du Bas-Rhin

Le gouvernement Poincaré décide d’envoyer dans le bassin de la Ruhr une mission d’ingénieurs encadrée par trois divisions de l’Armée du Rhin. Le Ruhrgebiet, coeur industriel du Reich, qui lui fournit l’essentiel de son acier et de son charbon, n’est situé qu’à 500 kilomètres de Paris. La marche des soldats français et de leurs alliés belges jusqu’à Essen, bastion de la sidérurgie Krupp, permet d’occuper un bassin de 3 000 km2 et de 4 millions d’habitants.


La France, dont les départements du Nord et de l’Est ainsi que l’industrie ont été ravagés par la Première Guerre mondiale, entend prélever dans la Ruhr le charbon, les matériaux et l’argent nécessaires à sa reconstruction et ainsi s’acquitter de ses dettes de guerre. La République de Weimar verse les réparations qui lui ont été imposées lors du traité de Versailles de 1919 avec atermoiements. Une partie de l’opinion publique française est convaincue qu’une politique de force est le dernier recours pour faire céder l’adversaire outre-Rhin. Un retard de livraisons en bois et charbon est le prétexte d’une action offensive. Il faut aussi juguler la puissance industrielle et démographique de l’Allemagne, qui pourrait servir une guerre de revanche contre la France, sortie exsangue du conflit.


Après ces presque trois années d’occupation, marquées par la brutalité et la répression française face aux mouvements de résistance allemande, le sentiment antifrançais nourrit les progrès du national-socialisme dans l’opinion publique en Allemagne.