Madeleine, l'image d'une femme de Marmoutier

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Ce feuilleton est illustré par Anne Teuf, avec les conseils scientifiques de Georges Bischoff.

Je suis Madeleine, veuve de feu Materne — que Dieu ait son âme. À Marmoutier, nous menons vie simple et paisible, autant que faire se peut en ces temps. Mes enfants sont désormais adultes, et je tiens le logis avec l’aide de ma chambrière. Les quêteurs, de passage, laissaient parfois une image. Ces petites figures — de Notre-Dame ou quelque saint — je les ai gardées, sans ostentation, sur une étagère, par respect plutôt que par ferveur.

Mais aujourd’hui, tout cela chancelle. L’on dit que ces images ne valent rien, qu’elles détournent de la vraie foi. On murmure que les clercs ont menti, et que Dieu ne veut ni cierges, ni statues, ni dorures. Des prêcheurs vont par les routes, clamant que seule l’Écriture importe. Un certain Ziegler, entre autres, a fait entendre sa voix jusqu’ici. Les bonnes gens l’écoutent, même ceux qu’on croyait fermes dans la foi. Il faut dire que les cœurs sont las : les dîmes accablent, et les curés vivent bien mieux que nous.