
Ce feuilleton est illustré par Anne Teuf, avec les conseils scientifiques de Georges Bischoff.
En ce jour de Pâques, nous étions réunis, quatre cents hommes venant d’aussi loin que Reutenbourg et la marche de Marmoutier. À Dorlisheim, le matin même, nous avions juré sur les Douze Articles, comme en Souabe. Ce n’était pas un serment pris à la légère.
Ce soir-là, nous avons marché sur Altorf. Les moines s'étaient enfuis vers Dachstein. Les portes s’ouvrirent. Il était temps de punir les prêtres et leurs biens. Certains prenaient le pain, d’autres le vin, d’autres encore l’argent. J’ai vu des barriques rouler dans la cour, les réserves éventrées, les images saintes jetées, les chartes déchirées.
Le lendemain, 17 avril, nous étions déjà deux mille : les gens nous rejoignaient de toute la région, on comptait même des maraîchers de Strasbourg.
Mon nom, celui d’Érasme Gerber, circulait parmi les insurgés, et aujourd'hui me voilà poussé par les événements à la tête des miens. L’heure n’est plus aux discussions, ni aux négociations, les seigneurs ne nous écoutent pas. Ce 18 avril, nous tenons toujours Altorf. Le camp s’étend dans la prairie de la Hardt, au nord. Bucer, Capiton et Zell viennent de Strasbourg, avec leurs fausses paroles de paix, ils repartent penauds.