Quel rapport avec l'Alsace ?

C’est ainsi que dans le roman de Stendhal, le héros Julien Sorel est partagé par la fascination pour l’armée (en Rouge) et son attrait pour la carrière religieuse (en Noir). Néanmoins, l’Église et l’État ont souvent trouvé des compromis : le célèbre Concordat napoléonien de 1802 instaure un nouveau partage clair de pouvoirs et introduit une stabilité durable, c’est donc une étape fondamentale de cette histoire.

Au début du XXe siècle, la Séparation des églises et de l’État de 1905 rompt avec le régime napoléonien. C’est un divorce : l’État et les églises décident de ne plus interagir, le temporel et le spirituel sont désormais séparés, sauf exceptions. Le Rouge cesse parallèlement d’être la couleur de l’armée pour devenir symbole d’idées, de théories et de partis politiques, il s’oppose encore plus intensément au Noir pour le contrôle spirituel et idéologique de la société. 

L’Alsace-Moselle a vécu ces oppositions, ces concurrences et ces déchirements, mais d’une autre manière que le reste de la France : la Séparation des églises et de l’État n’y est pas appliquée comme dans le reste de la France, car en 1905, lors de son adoption par le gouvernement français, l’Alsace-Moselle avait été annexée (1871-1918) par l’empire allemand.

C’est ainsi que l’opposition entre le Rouge et le Noir a une histoire particulière en Alsace. On y vit selon un régime original, influencé à la fois par le Concordat napoléonien, le droit allemand introduit pendant l’annexion, mais aussi les évolutions réglementaires introduites par l’État depuis ces époques, dont celles relatives à la sécularisation et à la laïcité.

Pour autant, l’Alsace-Moselle est-elle vraiment un cas à part en Europe ? Quelles sont les conséquences, aujourd’hui, de l’application en Alsace de ce régime spécial ? Est-il encore adapté à notre mode de vie actuel ? Les Alsaciennes et les Alsaciens y sont-ils attachés ?