Une génération après, il ne subsiste pas de traces économiques ni démographiques de l’hémorragie de l’année 1525.

La prospérité de la région est à présent proverbiale.

La guerre des Paysans est évoquée dans plusieurs chroniques de contemporains (Riquewihr, Ensisheim, Thann, Guebwiller, Wissembourg, Metz…). Dans les premiers travaux d’historiographes publiés au xvie siècle (Volcyr de Sérouville, dès 1526 ; Petrus Gnodalius, 1570), l’histoire est décrite du côté des vainqueurs.

En 1751, l’Alsace illustrée de Jean-Daniel Schoepflin n’en fait plus qu’une brève mention, pour déplorer les ravages de l’insurrection sur les documents d’archives. 

Ressucitéé par les historiens à partir du xixe siècle, la guerre des Paysans est instrumentalisée, tantôt pour argumenter une vision progressiste de l’histoire d’Allemagne, tantôt pour nourrir le « récit national » et pour en donner une lecture contre-révolutionnaire.

La mémoire des événements pour les communautés ne disparaît pas pour autant. Sa forte puissance d’évocation inspire les artistes et contribue à la vivacité mémorielle de l’événement.

Alsatia Illustrata (Tome I)

« Ces troubles causés par les paysans en 1525 ont fait plus de mal à nos archives publiques que tous les incendies allumés par les guerres antérieures. Lorsque la populace s’attaquait aux églises et aux châteaux, ce ne fut pas une rage aveugle mais une ruse perfide qui leur fit porter une main sacrilège sur les chartes et arracher ainsi à leurs détenteurs les armes [juridiques presque] par lesquelles ces derniers auraient défendu leurs antiques droits de propriété contre les paysans.

Journal d’un bourgeois

Eckart Wiegersheim de Riquewihr, publié pour la première fois en 1777 dans le Patriotische Elsässer

Histoire de la guerre des « rustauds »

Par Petrus Gnodalius, imprimé à Bâle en 1570.