La journée d’études s’est déroulée le 22 octobre 2024 aux Archives d’Alsace, dans l’auditorium du site de Strasbourg. Organisée en partenariat avec l’université de Strasbourg (UMR3400 ARCHE/Arts, civilisation, histoire de l’Europe), la journée était dédiée aux multiples mémoires individuelles de la Seconde Guerre mondiale en Alsace. Cinq chercheurs et étudiants sont venus présenter les résultats de leurs travaux.
Annette Becker a ouvert la journée en insistant sur l’importance de la matérialité, en appelant à s’interroger sur les objets du quotidien tels qu’ils apparaissent dans les sources ; ils permettent à l’historien de connaître ou de reconstruire des moments de vie. En faisant la généalogie des camps de concentration, de la guerre d’indépendance de Cuba à nos jours, Annette Becker a explicité le cas particulier des civils déportés et détenus dans des camps, notamment les femmes. Enfin, le thème des génocides a été abordé par la biographie et l’œuvre d’Otto Freundlich, artiste juif allemand, qui a reconstitué ses archives après la destruction de ses œuvres. Annette Becker a conclu sur l’intérêt des documents administratifs, notamment des photographies individuelles, qui permettent à l’historien de rendre un nom et un visage à un individu.
Après la conférence inaugurale d’Annette Becker, Gaëlle Hery, étudiante de Master 2 en histoire (Arche), a présenté 9 lettres tirées de la correspondance personnelle d’Albert Schreiner, un résistant luxembourgeois interné au camp annexe de Sennheim entre mai et août 1944. Jessica Traksel, diplômée de Master en histoire (Arche) a évoqué le parcours d’un jeune résistant alsacien, François Jaming, cheville ouvrière de l’organisation du maquis de Volksberg. Lea Münch, docteure en histoire (Sage), s’est interrogée sur la possibilité de reconstruire des biographies à partir de l’étude de dossiers médicaux de patients de l’asile de Stephansfeld. Nicolas Laugel, doctorant en histoire (Arche), a clos la journée sur la richesse des archives administratives considérées comme sources de l’histoire intime de la Shoah.
Cette journée a donné lieu à de riches échanges entre intervenants et étudiants venus nombreux assister aux débats. C’est aussi le rôle des Archives d’Alsace d’offrir le cadre et l’espace adéquats pour questionner les sources en renouvelant sans cesse les approches et les angles d’analyse.