À partir du XIIe siècle, le monde urbain, en retrait depuis la fin de l’Antiquité, connaît un nouvel essor, porté par la croissance démographique et économique : la population des anciennes cités antiques augmente tandis que de nouvelles villes se développent, autour d’une abbaye (Marmoutier, Wissembourg) ou d’un château : c’est par exemple le cas de Haguenau, qui prospère autour du château construit par le duc Frédéric II le Borgne entre 1115 et 1120, ou de Kaysersberg, fondée en 1227 par le bailli impérial Wolfelin en même temps que le château du même nom.
Aux XIe et XIIe siècles, les habitants des villes sont, tout comme ceux des campagnes, soumis à l’autorité d’un ou plusieurs seigneurs (ainsi l’évêque à Strasbourg ou Molsheim), qui prélèvent des taxes et rendent la justice. À partir du XIIIe siècle, l’empereur accorde à certaines villes, à la demande de leurs élites, des privilèges qui limitent les prérogatives des seigneurs traditionnels et ouvrent la voie à l’organisation d’administrations municipales dirigées par les bourgeois (cives), qui prendront leur autonomie dans la seconde moitié du siècle.
À l’ombre des murailles séparant, de façon encore poreuse, villes et campagnes, s’épanouit ainsi une nouvelle société : marchands, changeurs, médecins, manœuvres et artisans employés sur les chantiers urbains…sans oublier l’Église, très présente en ville, où sont établis l’administration épiscopale, les chanoines et les frères mendiants. Prenant progressivement conscience de leur identité, dotées de droits dont sont dépourvus les ruraux, les élites urbaines sont à l’origine de nouvelles mentalités, amenées à modifier en profondeur la société féodale et ses valeurs.