La vie quotidienne n’apparaît qu’en creux dans les documents qui nous sont parvenus : il faut traquer les indices derrière la prose codifiée des actes, comme cette description inattendue d’un repas de fête servi aux chanoines de Strasbourg figurant à la fin d’une donation de 1100. Les représentations iconographiques, gravées dans la pierre ou peintes dans les manuscrits, peuvent également s’avérer éclairantes : certaines miniatures du Codex Guta-Sintram figurent ainsi des robes aux longues manches évasées, suivant une mode probablement originaire d’Orient et rapportée par les croisés.
Ces sources doivent être mises en relation avec les résultats des fouilles archéologiques, qui étudient les traces architecturales et exhument des objets du quotidien dont l’état souvent fragmentaire impose cependant des interprétations prudentes. Les fouilles archéologiques effectuées dans le quartier du château à Châtenois ou encore dans la maison romane de Rosheim, un des plus anciens vestiges d’habitat civil (1154), ont ainsi contribué à une meilleure connaissance de l’habitat des nobles alsaciens.
Ce sont en effet les puissants qui ont laissé le plus de traces, écrites comme monumentales. Le quotidien et les valeurs des nobles nous sont par conséquent mieux connus : à partir du XIe siècle, la violence intrinsèque au mode de vie des nobles, marqué par la guerre et la chasse, se tempère de valeurs chrétiennes et donne naissance à l’idéal du chevalier mettant son épée au service des pauvres et de Dieu. L’amour courtois (Minne), chanté par des Minnesänger comme Reinmar de Haguenau, Goesli d’Ehenheim, et surtout Gottfried de Strasbourg, auteur du célèbre Tristan, s’épanouit aux XIIe et XIIIe siècles.